Les plantes bio-indicatrices

Une des cordes à mon arc est de réaliser des diagnostic de sol avec des outils simples: mes yeux et une trinche.

J'appelle une trinche une bêche plate, cet outil me permet de faire des trous carrés dans le sol pour en observer la superposition des couches: couche humifère, sol, sous-sol etc.

Mais l'outil principal reste l'observation des plantes poussant naturellement sur le sol, au printemps préférentiellement, c'est à dire maintenant car les sols se réchauffent et si je ne profite pas de ce créneau avant que les viticulteurs ne travaillent leur sol je ne pourrai qu'observer les plantes survivantes.

Les travaux de Gérard Ducerf sont une institution, en partant du constat que toutes les graines ou presque se trouvent déjà dans les sols (plus de 10000/m2), souvent depuis des centaines d'années et que ce sont les conditions physico-chimiques du sol qui forcent leur sortie de dormance, chaque plante "libérée" détermine l'état du sol. Les caractéristiques de compaction, de richesse en matière organique, plutôt carbonée ou azotée, fossile, s'il y a du lessivage etc. sont ainsi faciles à déterminer sans avoir besoin d'une analyse de sol souvent incompréhensible et non mise dans le contexte.

J'effectue ainsi un inventaire des espèces présentes dans le rang et sous le rang, leur attribue un coefficient de densité et pondèrent les conditions de sol correspondantes.

J'ai par exemple facilement pu déterminer des excès de compaction sur des sols pourtant sableux mais qui n'étaient pas assez travaillés, l'enherbement présent (luzerne, crépide, érodium...) ne suffisait pas à décompacter le sol et avait même tendance à sécher et à durcir les 5 premiers cm. Un travail au chisel enfouira les herbes et libérera la vie du sol. La minéralisation des matières organiques peut alors repartir et nourrir la vigne.

Autre situation, la présence de camomille matricaire témoigne du lessivage du sol, j'ai donc proposé la création de mulch soit de céréales qui seront roulés, soit de légumineuses qui sécheront naturellement avant l'été.

Généralement la plante qui pousse est elle-même la solution du problème sous-jacent, comme la camomille qui en infusion tempère la vigne et la protège des chaleurs excessives. La luzerne et le ray-grass sont d'excellents décompacteurs de sol et ils poussent préférentiellement sur des sols compactés etc..

C'est comme une enquête, on fouille les indices et on remonte les causes, pas de mobile ni d'alibi, pas de faux-semblants. Et la solution n'est jamais loin.