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Réflexions sur l’avenir de la viticulture en Provence: conséquences du changement climatique.

Objet : veille technique sur les solutions au changement climatique en Alentejo (Portugal) et Campi Fleurie (Naples, Italie).


Pré-acquis :

Il faut distinguer sécheresse et canicule, les deux sont souvent associés, à tort, car des années caniculaires peuvent avoir été très arrosées en début ou fin de saison.

La bibliographie retient particulièrement la hausse des températures maximales et la baisse de la somme des précipitations sur les 10 dernières années.

Pour le cas de la Provence, les saisons sont plus précoces avec des débourrements en mars et des vendanges à la mi-août. Donc environ 1 mois de décalage en 10 ans.

C’est la situation actuelle des vignes de l’Alentejo depuis 10 ans, quelles sont leurs réponses face à cette évolution ?


1. Réactions à court terme :

1.a. Mode de conduite :

La taille tardive aide au décalage de la maturité mais la vigne a tendance à compenser.

Des essais de non-écimage associés à un ombrage par les apex côté ouest ou sud ont donné de bons résultats, dans le cas où la pousse était suffisante. La plupart des vignobles en souffrance voient la taille des sarments diminuer, jusqu’à ne plus nécessiter de rognages.

L’application de kaolinite ou autres talcs pour diminuer l’albedo et l’évapo-transpiration manque significativement d’efficacité.

Une solution qui semble avoir été adoptée est le roulage de l’herbe dès sa lignification. Par rapport à un rang témoin labouré, la température du sol est moindre et il y a conservation de la rosée du matin grâce au mulch formé.


1.b. Irrigation :

Les plants irrigués pendant les 2 à 3 premières années montrent généralement un manque de profondeur de leur enracinement. Il faut que cette irrigation précoce soit effectuée au printemps et en octobre en priorité, pour compenser un manque éventuel des précipitations de cette période. Alors, si plusieurs dizaines de litres sont positionnés sur le pied afin de former un bulbe d’humidité profond, la survie des pieds à long terme est améliorée.

Les vignes irriguées entre les 3 à 5 premières années bénéficient le plus d’améliorations. A cet âge, la production dépasse souvent les capacités productives de la plante, elle a les « grappes plus grosses que les racines » dirait-on. Il faut alors l’aider en anticipant les épisodes caniculaires. Si les feuilles se recroquevillent, il est déjà trop tard, l’idéal est d’anticiper les grosses chaleurs, en particulier celles de fin juin, lorsque la vigne ferme ses grappes et consomme encore de l’azote et a besoin de sa photosynthèse. Ensuite, lorsque la vigne arrête de croître et se concentre sur sa future véraison, alors la plante a suffisamment d’énergie à consacrer aux systèmes de protection isohydriques : fermeture des stomates selon la sécheresse et épaississement de la cuticule.

A ce moment, les dés sont jetés, la vigne doit avoir été entraînée à résister, des solutions en phytothérapie existent, mais c’est un autre sujet.


2. Réactions à long terme

2.a. Changement de cépage

Les cépages cultivés au Portugal, dans le sud de l’Italie et en Grèce semblent plus résistants à la sécheresse et à la chaleur. A ma connaissance, l’Alicante-Bouschet et les Touriga Nacional et Franca sont des cépages rouges qui arrivent à garder un peu de fraîcheur. L’Arinto, l’Alvarinho et la Falanghina sont aussi de bons candidats à la plantation en Provence pour des vins vifs et parfumés, au cycle long.

Les porte-greffes pourraient être adaptés également mais plus résistants à la sécheresse que le R110, le R99 et le 1103P je n’en connais pas. Peut-être le Riparia Gloire de Montpellier mais il paraît qu’il est peu productif.


2.b. Migration

Il est à envisager de planter plus profondément dans les terres, et plus en altitude, les cépages actuels de Provence se comportent bien à 500m d’altitude s’ils sont bien ensoleillés. D’ici à quelques années ce sera la norme. Restera la question de l’eau, si l’altitude évite l’excès de chaleur, elle ne garantit pas la pluie.


On pourrait planter plus au nord et délaisser le littoral, les régions du Verdon et des Basses-Alpes (Digne, Guillaumes…) autrefois trop froides vont voir fleurir de nouveaux vignobles.


3.c : Mode de conduite

Baisser la densité comme certains en Alentejo, jusqu’à un pied tous les 2 mètres (donc 2500 pieds/ha), s’avère efficace. L’équilibre statut hydrique/rendement y est plus facile à trouver.

La taille en gobelet conserve un microclimat humide et limite l’évapotranspiration, c’est la taille la plus adaptée à un climat sec.

Nous avons mis en place avec des clients des techniques plus ou moins onéreuse pour ombrager le sol et garder l’humidité. Des essais sont en cours mais les résultats à l’heure actuelle sont encourageants : les températures de sol sont inférieures de 10°C au témoin, la rosée est absorbée par le sol et la concurrence de l’herbe est éliminée. La vigne exprime beaucoup moins de symptômes de sécheresse et le nombre de grains par pied est supérieur.


En conclusion, les prochains millésimes seront toujours plus stimulants pour les viticulteurs de Provence, les excès vont s’accumuler et ceux qui n’anticipent pas dès maintenant l’évolution du climat se retrouveront sans production.

Des solutions existent dans le sud de l’Europe, temporaires ou non, elles ont le mérite d’exister. Si on compare le coût des investissements à faire, comparé aux conséquences d’une mauvaise production à long terme, alors ces améliorations sont rentables. Les instances n’auront pas d’autres choix que de nous suivre dans l’évolution car sinon c’est la mort du vignoble provençal dans les 50 ans.

 
 
 

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